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Le Chant du possible
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25 mai 2006

Madame Lune

Madame Lune, pour la seule fois où je vous écris, veuillez vous rendre à l'évidence... En chacun de vos parages, j'ai puisé ma liberté et les envies de dépasser ce qui, chaque fois, ne fut pas à propos, en vos meilleurs atouts, j'ai persévéré de la manière la plus digne, et lorsque l'immensité vous empêchait des représentations magistrales, je ne cessais de me raccrocher à vous. Madame Lune, sous les assauts de chaque jour se faisant plus certains, je n'ai pourtant jamais perdu confiance en notre amitié.

Pourtant, ce matin, vous sembles m'en vouloir, ou je ne sais quoi d'assez péjoratif et contrariant, il n'est plus entre nous cette ferveur à nous épouser, vous de votre blancheur cotoneuse, moi de mon regard ébloui. Est-ce à dire que vous ne seriez plus mon alliée, ma raison survenue, mon otage de chaque solitude ? Je ne sais que trop bien qu'il n'est pas pensable de retenir sa majesté contre son gré, que vous êtes, à mesure des nuits depuis des siècles, l'impératrice de cette mer tout là haut, et que moi, humble et infiniment petit, je n'avais que l'ascendance d'une adoration sur vous. Pourtant, Madame Lune, vous me manquez, chaque jour martellant mes incapacités à vivre éveillé, chaque nuit à me sortir toujours plus des songes loin de vous.

Entre nous, Madame Lune, il ne fut jamais question de ces paradoxes à n'aimer que l'abstraction un peu idiote d'un être pour sa démesure. J'étais vôtre bien avant que d'être seulement, et vous fûtes un peu mienne lorsque vous récoltiez mes larmes ou enrobiez mes lassitudes de votre couche soyeuse. Madame Lune, comme vous me manquez lorsque vous n'êtes plus là, ou plus celle, tout sans vous ne respire que la flagrance et la réalité, les jours à prendre en pleine figure, du matin sauvage aux journées interminables. On dit que vous contribuez aux saisons, alors vous n'en ferez qu'une seule à m'ignorer de la sorte : l'enfer.

Madame Lune, j'ai trouvé à l'autre bout du monde un Pierrot. Il est doux, il est gentil, je crois que cet homme là me respectera, et je comprends doucement qu'il a de la générosité en bout de coeur, une certaine idée de la poésie à deux, un grand pouvoir devant les diverses rivalités. Il sait que je viens de chez vous Madame Lune, s'il dit que je manque de rêves, je sais qu'il voit aussi ma façon de vous aduler. La Lune et moi, c'est une affaire de solidarité embarquée pour le reste à parcourir, ainsi, je ne vous chasse pas du tout, je n'en ai pas le pouvoir, et puis celui-là même que j'aime, je m'entends à réaliser qu'il serait peut-être aussi l'un de vos nombreux enfants.

Madame Lune, je vous en prie, vous en supplie, et vous en retourne les compliments : redonnez-moi le goût et la force, les courages et envies, faites que tout cela ne soit pas qu'un rêve et qu'au delà de mes imprécisions ou hypothèses, la fenêtre soit toujours béate sur nos rendez-vous. Madame Lune, je ne me reconnais plus, je tremble et vascille, Madame Lune, Pierrot s'en ira si vous n'êtes plus là, et cela, je ne le souhaite pas...

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