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Le Chant du possible
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27 mai 2006

Le coeur Badaboum

Si seulement, je pouvais avoir le coeur chocolat, caramel ou vanille, oh oui, je voudrais bien avoir, moi aussi, le coeur sucrerie ou bonbon. Mes amoureuses viendront y gouter avec les petites manies des gourmandes polissones, les vieilles dames rouspèteront mes effets nefastes pour la santé, diabète et carries, je serai une invasion avec mon coeur sucette. Les petits garçons se dandineront, avec leurs gros yeux tous ronds, et les grands messieurs me dégusteront d'abord d'un doigt, puis à la louche...

Je voudrais un coeur bêtise, un coeur en forme de gaffe, un coeur maladroit, un coeur aux rougeurs des humiliations coquines. Je serais un coeur qui s'étrangle quand il part à la conquête d'une dame que je supposais mademoiselle, et j'aurais le coeur gêné quand un élégant et raffiné me présentera la femme que je ne lui imaginais pas. Je voudrais un coeur mascarade, un coeur compliment de l'humain.

Je voudrais un coeur lessive, détergeant ou javel. Un coeur avec des gants pour faire les vaisselles de ma vie, balayer les pièces trop vastes et envahies de poussières, de minons. Un coeur tablier pour ne plus se salir dans les ruptures et un coeur amoniaque pour bien me souvenir du parfum de la douleur en ces cas là. Je voudrais le coeur pressing, fer à repasser mes humeurs chiffonées des matins.

Si j'étais un coeur tulipe, ou rose, ou même chardon, je m'offrirais à chaque galantes, à chaque courtisans. J'aurais le coeur des deventures de fleuristes, j'aurais le coeur mille couleurs, écartelé le jour, recroquevillé en nocturne, un coeur à butiner, à pistiller, un coeur à arroser et d'abord semer. J'aurais le coeur jardiné, le coeur cultivé.

Pour sur, j'attends un coeur tempête, bourrasque, un coeur de bise d'hiver, un coeur de mistral garrigue. Je survolerais et démonterais les plaines endormies, je découvrirais les badauds de leurs chapeaux melons, et je ferais s'esclaffer les madones, je soulèverais les jupes des mégères, je désarçonnerais la girouette sur le clocher, je serais le coeur ouragan.

Voilà, en fait, je ne me plains pas, mon coeur me suffit, même s'il n'est plus très jeune, très avide, il bat toujours aux émotions, aux dévotions plutôt... J'ai le coeur, c'est assez, non ?

De Absolu Vindicatif le 27 octobre 2005

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